ISRAËL entreprise#11 Aleph Farms

👉 – Le contexte

De la viande cultivée à partir de véritables cellules animales ça vous tente ?

Les réponses vont sûrement être contrastées… et c’est normal ! La culture de viande artificielle est encore un sujet méconnu dans le monde entier. Et pourtant… à l’heure où de plus en plus d’interrogations se posent sur le bien-être animal, sur les problèmes écologiques liés à la consommation de viande rouge, ainsi que sur les maladies véhiculées par les animaux, la production de viande cultivée apporte des réponses plus qu’intéressantes sur ces problématiques.

Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Didier Toubia, le fondateur et directeur d’Aleph Farms, qui nous a parlé des actions concrètes d’Aleph Farms pour lutter contre les crises alimentaire, environnementale et de santé publique mondiales.

Petite précision avant de commencer : il est très peu probable que vous soyez amené à gouter de ce type de viande dans les prochains mois, voire les prochaines années. En fait, le produit n’est pas encore commercialisé sur le marché mais devrait l’être bientôt au Moyen-Orient et en Asie (Israël et Singapour sont les pays qui devraient être les premiers à pouvoir goûter cette viande, fin 2023). C’est seulement ensuite que le produit sera commercialisé en Europe et aux États Unis car les règlementations sont plus strictes. D’autres produits similaires sont en cours d’autorisation aux Etats-Unis.

👉 – La personne rencontrée

👉 – Présentation de l’entreprise

Site web

👉 Lutte contre la crise environnementale

Le constat est alarmant : aujourd’hui, selon la Food & Culture Organisation (FAO), l’élevage représente 14.5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, soit autant que le transport ! Et plus particulièrement, l’agriculture bovine représente 8% sur les 14.5% des émissions totales de gaz à effet de serre.

Il n’y a donc plus aucun doute : la viande de bœuf est polluante…

Aleph Farms, s’est donc spécialisée dans la production de viande cultivée grâce à une technologie scientifique de pointe, et cela de lutter contre la crise climatique de plusieurs façons :

-La fabrication de viande de cette manière nécessite bien moins de ressources en eau et en terre que l’élevage traditionnel.

-Elle répond à la demande croissante de protéine animale dans le monde sans avoir besoin d’augmenter la taille des troupeaux ou de défricher des terres supplémentaires pour l’élevage, en particulier pour produire l’alimentation animales (soja, mais, etc).

-Elle élimine les émissions de gaz à effet de serre liées au méthane émis par les bovins, au transport de l’animal vers les abattoirs et a pour but de remplacer l’élevage intensif, très polluant pour les terres et les nappes phréatiques aussi.

Il y a donc un grand potentiel de réduction de l’empreinte écologique globale de la production de viande, ils estiment que leur méthode de production de viande permet de réduire :

-les émissions de gaz à effet de serre de 92 %

l’utilisation des terres de 95 %

l’utilisation de l’eau de 78 % par rapport à l’élevage intensif.

De plus, Aleph Farms développe des installations de fabrication de la viande qui permettent d’utiliser les ressources de manière efficace et circulaire.

En effet, Aleph Farms s’est engagée à être neutre en émission carbone d’ici 2025 et neutre au niveau de sa chaine d’approvisionnement d’ici 2030. L’entreprise travaille notamment avec ENGIE pour s’équiper et produire de l’énergie renouvelable.  

Pour atteindre sa stratégie zéro carbone, Aleph Farms procède en 3 étapes :

  • 1) Elle adopte des pratique écoénergétiques et circulaires dans toutes ses opérations et dans sa chaine d’approvisionnement.
  • 2) Elle utilise et produit de l’énergie renouvelable
  • 3) Elle compense ses émissions carbones restantes avec des investissements pour décarboner ses lignes de production et sa chaîne d’approvisionnement.

👉 Lutte contre la crise de santé publique

Aleph Farms permet, grâce à son activité de lutter contre la crise de santé publique.

Premièrement, la viande cultivée est une viande qui dispose de beaucoup de protéines mais peu de matières grasses et d’acides gras saturés, et les acides gras saturés, qu’on trouve dans la viande rouge d’origine animale, sont responsables d’un grand nombre de cancers et maladies cardio-vasculaires.

De plus, l’agriculture bovine intensive, qu’Aleph Farms souhaite remplacer, représente un risque élevé pour la santé publique en ce qui concerne la propagation de maladies infectieuses. Aujourd’hui l’agriculture intensive est de plus en plus utilisée et est un véritable terreau de développement de nouveaux virus et maladies. Les maladies de la vache folle, de la peste porcine africaine, de la grippe aviaire… sont des maladies qui viennent tout droit des animaux, et l’Homme n’est pas toujours résistant face à ces maladies qui peuvent facilement dégénérer en épidémies voire en pandémies. N’oublions pas que le virus du Covid-19 vient d’un animal…

De plus, toujours dans la logique d’agriculture intensive actuelle, de plus en plus d’antibiotiques sont donnés aux animaux afin qu’ils ne tombent pas malades pour augmenter les rendements. Seulement, cette pratique pousse les bactéries présentes dans l’environnement des animaux à muter pour développer des résistances aux mêmes antibiotiques. Ces derniers deviennent donc de moins en moins efficaces pour traiter ces mêmes microbes lorsqu’ils sont transmis à l’Homme. Tous ces problèmes sont résolus par la viande cultivée d’Aleph Farms.

👉 Une philosophie managériale d’inclusion et d’implication

1) Tout le monde peut s’exprimer et donner son avis

Didier nous explique que l’entreprise souhaite avoir un impact positif à long terme.

Il est donc naturel pour Aleph Farms de donner la parole à ceux qui seront directement concernés par cette vision de long terme, c’est-à-dire d’avoir le point de vue de la génération qui va prendre le relai (la génération Z).

Ainsi, l’entreprise a mis en place un concept très innovant appelé le Gen-Z Program. Une à deux fois par an, ils réalisent une expérience similaire à un Shadow Comex, c’est-à-dire qu’ils réunissent un conseil consultatif composé de jeunes de la génération Z (nées entre 1995 et 2015) du monde entier pour réfléchir à des problématiques de long terme de l’entreprise. Mais, biensûr, on ne peut demander à des personnes de réfléchir sur des sujets stratégiques sans connaitre un minimum l’entreprise. C’est pourquoi les jeunes sélectionnés sont investis dans un véritable programme, pendant 3 mois, pour s’impliquer peu à peu dans l’entreprise (Il est arrivé que ce programme dure même 9 mois par le passé).

Durant ces trois mois, il y a toutes les 2 semaines :

-30min d’appel avec des représentants de chaque département :  la recherche et du développement, en passant par l’espace et le développement commercial, jusqu’au marketing et à la durabilité. Ces représentants doivent présenter le fonctionnement et les enjeux de leur service.

Puis à la fin des trois mois, un atelier de réflexions stratégique et de création a lieu.

La génération Z peut ainsi s’impliquer dans le développement de la vision de l’entreprise et dans la stratégique à long terme. Les jeunes sont des parties prenantes à part entière !  

Outre ce Gen-Z Program, Aleph Farms, a vraiment pour volonté de montrer au monde ses produits et sa réflexion sur le futur de la viande.

Didier nous confie aussi qu’il est extrêmement important de mettre en avant le fonctionnement collaboratif de l’entreprise. Il faut être ouvert et inclusif selon lui car la viande cultivée est quelque chose de tout nouveau qui fait également face à un certain scepticisme. Et c’est normal nous dit Didier… il invite donc qui le souhaite à venir témoigner son avis, ses idées et ses peurs sur la viande d’Aleph Farms.

Didier a notamment reçu la semaine dernière un groupe d’éleveurs venant de l’État de l’Oklahoma aux Etats-Unis.

Il a également reçu, dans la semaine qui a suivi notre entretien, un groupe de 30 industriels allemands ainsi que des étudiants de la prestigieuse Université de Yale. 

Pour Didier, créer la confiance avec le public est la clé de la réussite. Prendre en compte les remarques et les conseils du public fait partie de la stratégie à long terme de l’entreprise.

2) Des collaborateurs connectés à la raison d’être.

Depuis la crise du Covid, les collaborateurs expriment de plus en plus leur besoin de trouver un sens dans leur travail. Ces derniers veulent se sentir de plus en plus impliqués dans les processus et décision et ça, Aleph Farms l’a bien compris. Ainsi, lorsqu’il y a une nouvelle stratégie, elle est présentée à l’ensemble des 150 employés, et ce, au même moment. Il y a aussi des réunions organisées qui rassemblent l’entièreté des collaborateurs et où tout le monde peut donner son avis, et les collaborateurs apprécient cela !

Même si certains collaborateurs ont un poste qui n’est pas lié à l’organe décisionnel (c’est le cas des chercheurs dans les laboratoires, par exemple), il est important pour eux de sentir qu’ils sont impliqués dans tout ce qui se passe dans l’entreprise. Ayant compris cela, Didier a décidé de mettre en place des réunions facultatives, toutes les 2 semaines, pour permettre aux collaborateurs qui le souhaitent d’être informés et de participer au développement de l’entreprise. Les employés veulent se sentir engagés et connectés à la raison d’être de l’entreprise.

👉 Réflexions complémentaires

Aleph Farms n’a pas pour but de « remplacer » l’agriculture conventionnelle. C’est ce que nous dit Didier à la suite d’une de nos questions :

« Mais alors, est-ce que votre produit vise à long terme à remplacer l’agriculture bovine traditionnelle? Que dites-vous aux agriculteurs qui en vivent ? »

Didier nous répond, et insiste fortement sur ce point, qu’Aleph Farms n’a pas pour but de concurrencer l’élevage traditionnel. L’entreprise voit son produit comme étant un complément à l’agriculture traditionnelle, en quelques sortes un produit différencié. Didier voit en quelque sorte son produit comme la « tesla » du marché de la viande. Les teslas n’ont pas réellement les mêmes caractéristiques que les voitures traditionnelles et n’ont pas pour but de remplacer l’entièreté du parc automobile mondial.  Ainsi, la commercialisation de la viande cultivée en laboratoire se fera sur la base d’une différenciation assez forte en termes de proposition de valeur : une viande haut de gamme avec un profil nutritionnel de qualité (beaucoup de protéines mais peu de matières grasses et d’acides gras saturés).

Didier nous explique aussi qu’en France, le nombre d’éleveurs baisse de manière constante. 58% des éleveurs seront à la retraite dans 10 ans. La France est devenue pour la première fois au cours des 2 dernières années un importateur net de bœuf alors que, traditionnellement, la France était un des plus gros producteurs de bœuf en Europe. L’agriculture traditionnelle a donc tendance à s’effondrer en France…

La question est plutôt de savoir comment compenser cette perte d’éleveurs en France. L’industrialisation, l’élevage intensif, est une solution, mais ce n’est pas celle privilégiée par Aleph Farms, qui voit son produit comme une solution au déclin du secteur agricole plutôt que comme une menace.

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On espère que cet article vous aura plu! Merci et à bientôt !

lodysseemanageriale

Élodie & Dimitri

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