
👉 – Le contexte
L’Odyssée Managériale, c’est beaucoup de visites d’entreprises. Mais l’Odyssée Managériale c’est aussi beaucoup de rencontres incroyables.
Voilà une belle occasion de commencer cet article en vous parlant d’Irène.
Nous avons rencontré Irène à Francfort en février dernier sur le salon commercial « Ambiente » qui rassemblait alors des entreprises du monde entier. Nous rencontrons Irène une franco-israélienne avec qui nous discutons de son entreprise EREN R. Company, une agence commerciale basée en Israël et en France. Et coïncidence ? Israël, est alors la prochaine destination de l’Odyssée managériale. Quelle occasion !
Nous nous sommes alors revus plusieurs fois en Israël, et sommes devenus de bons amis.
Et voilà qu’un jour, Irène nous fait une proposition : « Que diriez-vous de venir visiter Harsa ? C’est une entreprise avec qui je travaille depuis 25 ans. Cette usine est géniale car Palestiniens et Israéliens y travaillent ensemble »
Aussitôt dit, aussitôt fait, on prend la route en direction de l’usine d’Harsa-Studio !
On vous raconte tout ça…
Bonne lecture !
👉 – Les personnes rencontrées


👉 – Présentation de l’entreprise Harsa-Studio
Nous avons eu la chance de nous rendre dans l’usine Harsa Studio qui se situe en Cisjordanie, territoire revendiqué par l’autorité palestinienne.
Harsa Studio est une unité de production spécialisée dans l’injection et l’extrusion de matières plastiques. (Accessoires de salle de bain comme des paniers ou des bacs à linge et tuyaux pour le BTP)
Yehuda nous explique que 70% de la production réalisée dans l’usine est destinée au marché local. Les 30% de la production destinés à l’export concernent surtout les accessoires de salle de bain et sont surtout à destination de la France (Leroy-Merlin), du Japon, de l’Angleterre, des USA, et du Canada
Pour Irene comme pour Yehuda, un processus de paix ne peut passer que par une paix économique, c’est la raison pour laquelle, tous deux israéliens travaillent au quotidien avec des Palestiniens.
👉 Mentalité de l’entreprise : créer un pont vers la paix
C’est le point que nous voulons mettre en avant dans cet article. Alors que le conflit israélo-palestinien est toujours d’actualité, et s’est même accentué ces derniers temps, Israéliens et Palestiniens travaillent ensemble dans cette usine, et même dans toute la zone industrielle.
Yehuda nous explique, que la réalité du terrain est bien différente de ce que peuvent montrer les médias. En effet, les 80 palestiniens et 30 israéliens qui travaillent dans l’usine partagent un sentiment d’appartenance à « une seule grande famille ».
Quand bien même l’entreprise est située en Cisjordanie, c’est la loi israélienne qui s’applique, et, pour les travailleurs, elle est plus favorable que la loi palestinienne. Ce qui est intéressant, c’est que tous les salariés sans distinction peuvent bénéficier des avantages de la loi israélienne ! Par exemple le salaire minimum dans l’usine est de 1350€ et peut même monter jusqu’à 3000€. C’est un avantage non négligeable pour les Palestiniens qui travaillent ici car en Palestine le salaire moyen est de 500€… Yehuda nous dit que cela permet aux palestiniens d’envoyer leurs enfants à l’école, de se payer une voiture etc…. Et Irène en est convaincue c’est cette paix économique, qui apportera la paix politique.
Yehuda nous explique aussi que si un Palestinien se blesse au travail, il sera soigné et pris en charge par le système médical israélien.
Un autre point qui nous a interpellé, c’est lorsqu’ Irène et Yehuda nous expliquent que dans la cantine de l’usine, tout le monde mange ensemble. Il ne semble pas y avoir de clivage entre Israéliens et Palestiniens. C’est ce qu’on nous a dit et on est allé vérifier en déjeunant avec eux… et c’était la vérité.
Ici, les salariés parlent de tout dans le calme, même s’ils « préfèrent laisser le conflit à la maison » nous confie Nasser, l’un des ouvriers Palestinien. Bien sûr, il serait utopique de dire que tout est tout le temps tout rose dans cette usine, mais Yehuda nous certifie qu’au moins 80% partagent cette vision de collaboration réciproque.
Nous nous sommes également demandé, si, lorsqu’une accélération du conflit a lieu, la tension se ressentait au sein des équipes. Par exemple, si est-ce qu’en cas d’attentat, certains salariés se mettent en grève en signe de protestation. Yehuda nous répond que cela n’est jamais arrivé.
On a sincèrement ressenti la volonté du CEO de créer ce « pont pour la paix » ou cette « île d’espoir et de normalisation » pour reprendre ses propres mots. L’émotion avec lequel il nous parle témoigne de sa réelle volonté d’unir.
J’aimerais créer ici une « île d’espoir et de normalisation »
Yehuda cohen, ceo d’harsa-studio
Il y a une dernière chose que nous avons trouvé complètement folle, et qui va à l’encontre de ce qui est partagé par les médias occidentaux : les salariés de l’usine ont la possibilité de partir tous ensemble en vacances ! Des Israéliens en vacances avec des Palestiniens ! C’est une véritable révolution. Chaque année, pendant 4 jours, Yehuda organise des vacances pour ses salariés (Israéliens et Palestiniens). Il prévoit un programme d’activités telles que des visites culturelles, des excursions dans la nature, des soirées… Cela leur permet d’apprendre à mieux se connaître et de nouer des liens. Un bon moyen de passer au-delà des préjugés.

Bien évidemment cela ne signifie pas qu’il faille relativiser le conflit car il est bel et bien présent. Mais, au milieu de celui-ci, certaines initiatives, comme ces vacances, sont porteuses d’espoirs. De plus, ces vacances ont souvent lieu en Jordanie (à Aqaba), qui est, ne l’oublions pas, un pays qui a déjà connu des épisodes de guerre avec l’État d’Israël.
👉 Crise Covid
Toujours en rapport avec notre sujet sur les crises, nous avons interpellé Irène et Yehuda sur leur vécu concernant la crise du coronavirus.
Les deux nous expliquent, que les périodes de confinements du monde entier, ont été pour l’entreprise une véritable opportunité. En effet, durant les confinements, les personnes ont souvent pris le temps de repenser à leur aménagement, leur décoration etc… Il y a donc eu une augmentation des commandes par Internet, ce qui a directement fait augmenter la production de Harsa. Le CEO nous le dit : « on travaillait 24h sur 24H, nuit et jour, c’est la période pendant laquelle nous avons réalisé les meilleurs profits ».
Certains employés avaient même la possibilité de dormir dans des hôtels à proximité de l’usine, pour pallier la fermeture des frontières, notamment entre Israël et la Cisjordanie. Ils ont même créé des chambres dans l’usine, pour ceux qui désiraient dormir là !
Il y a un dernier point qui a attiré notre attention. À la fin de notre entretien Yehuda, nous confie que, parfois, certaines personnes appellent au boycott lorsque les Palestiniens et Israéliens travaillent ensemble. Notamment en Europe. Mais, pour Yehuda, boycotter ses produits, c’est détruire ce pont de paix qu’il essaye de mettre en place…Il termine l’entretien sur ces mots : « J’invite tout le monde à venir voir mon usine. Venez voir la réalité du terrain ! Venez voir comment on travaille ici ».
Merci Irène et Yehuda pour votre accueil !

À gauche Nasser, ouvrier Palestinien, puis Yehuda, CEO d’Harsa, et nous!

Avec Irène et Nasser !
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On espère que cet article vous aura plu! Merci et à bientôt !
lodysseemanageriale
Élodie & Dimitri