👉 Le contexte
Partager des difficultés aux yeux de tous sur les réseaux sociaux n’est pas aisé. Durant notre Odyssée, sur Instagram, Linkedin, notre SiteWeb, nous préférions vous communiquer nos meilleures moments, nos plus belles rencontres, nos plus belles photos. Cependant, une Odyssée Managériale ce n’est pas que ça. Il y a aussi eu de la peur, du doute, des colères, des engueulades, de la pression. Alors nous avons aussi décidé de vous partager tous ces moments, notre réalité pendant ces 182 jours d’exploration. Pas celle des réseaux sociaux.
Pour cela nous voulions vous faire plonger dans l’intimé de notre relation avec notre coach, Thomas Bouchard, véritable phare dans cette aventure. Thomas est un coach professionnel certifié. Il a fondé Manang Coaching pour accompagner les entreprises et les professionnels pour construire leur sérénité et leur ambition. Il nous suit depuis 1 an et nous a aidé sur les 3 phases de notre projet :
1) La préparation
2) Le voyage
3) Le retour
Nous vous partageons aussi les outils et méthodes que nous avons appliqués en espérant que vous puissiez les utiliser dans vos prochaines aventures !
Encore merci à Thomas 🙏
👉 Les moments particuliers où l’on a bien fait de se préparer ?
Thomas : Je pense que Romain et Clément ont bien fait de se préparer dans tous les moments où la qualité de leur relation fraternelle a été en jeu. Durant la préparation, ils ont entendu que cela pouvait être un sujet. Ceci leur a permis de tirer la sonnette d’alarme durant le voyage et quand cela était nécessaire.
Clément : L’Odyssée, contrairement à beaucoup de voyages, est une aventure avant tout professionnelle. C’est une machine à laver : nous passions 3 semaines dans chaque pays pendant lesquelles nous devions gérer la logistique, comprendre et s’adapter à une nouvelle culture, trouver des entreprises innovantes en management, rencontrer des professionnels, écrire nos articles privés et publics …
Je pense que la préparation fut essentielle dans les moments où le voyage nous offrait son lot d’imprévus et où, en même temps, la machine à laver continuait. En 3 semaines, nous n’avions pas vraiment le temps de nous arrêter pour faire face à l’imprévu, prendre le temps de le digérer et repartir sereinement. C’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’avait lieu nos disputes et que nous avons essayé de nous appuyer sur notre préparation et de progresser tout au long du voyage (bien communiquer, choisir ses moments pour gérer un conflit …) . Je me souviens d’une arrivée assez chaotique en Corée du Sud, dans une toute petite chambre dans un immeuble de Séoul. Nous sortons alors de plus de 48 heures de trajet avec des annulations de vol, trois test-covid et de belles frayeurs. La semaine de notre arrivée, nous avons deux conférences, des professionnels sud-coréens à rencontrer et une culture totalement nouvelle pour nous à découvrir.
Romain : Pas mal de moments, je pense aux transitions entre certains pays qui ont été plus compliquées que d’autres. Par exemple, le passage d’Islande au Brésil a été un moment super fort de notre Odyssée, qui nous a pris beaucoup d’énergie. Déjà nous avons raté notre première correspondance (première d’une longue série de galères dans les aéroports) de l’Odyssée et puis l’arrivée à Rio a été un vrai choc. Nous passions d’un pays à -10 degrés, avec 300 000 personnes sur l’île et un contact des Islandais assez distant à une culture très chaleureuse, tactile. À Rio il faisait 30 degrés, nous sommes arrivés en manteau dans l’aéroport c’était quelque chose. Les premiers jours ont été assez durs émotionnellement. Honnêtement nous étions au ralenti, nous avons mis 4-5 jours à nous habituer au nouvel environnement. La fatigue entraînait souvent nos disputes avec Clément et les séances avec Thomas à ces moments clés nous faisaient du bien. La préparation nous a beaucoup aidé aussi à mieux accepter les moments de galère. Quand Thomas nous avait fait travailler notre raison d’être personnelle du voyage j’avais marqué « embrasser l’aventure, accueillir l’inconnu, s’émerveiller des cultures, s’inspirer de l’humanité, grâce à la folie et la solidité de notre fraternité ». Cette raison d’être et notamment la phrase « accueillir l’inconnu » m’a beaucoup aidé dans les moments de doute, d’instabilité, les moments plus difficiles mais aussi des moments inoubliables qui me sortaient de ma zone de confort ! Un exemple pourrait être une soirée de transit en Thaïlande à Bangkok où après un gros voyage (nous arrivions des USA), nous n’avons jamais pu dormir dans notre chambre car la gérante de l’hôtel s’était endormie. Je me suis retrouvé à 2 h du matin dans les rues de Bangkok (Clément dormant déjà à la réception) a essayer de trouver une nouvelle auberge de jeunesse, me retrouvant 45 min plus tard dans un squat abandonné suite à une nouvelle fraude sur internet. Bref finalement nous avons dormi dans la réception de l’hôtel. Ces moments-là font partie du voyage, grâce à la préparation, on les attend presque et on les accueille différemment.

👉 Les meilleurs outils pendant le voyage ?
Thomas : A mon avis nous avons mis du temps à trouver le meilleur outil. Mais je sais très bien lequel va leur servir toute leur vie. Romain et Clément m’ont demandé plusieurs fois de leur donner des techniques pour se parler de manière constructive durant les moments de tension (la fatigue du voyage est un facteur de tension). J’avoue avoir été désespéré quand ils ont abordé le sujet pour la cinquième fois et après que je leur ai expliqué la CNV, que je leur ai dit de choisir leur moment d’engueulade, que je leur ai détaillé le fonctionnement des émotions… La solution est venue de la Gestalt : savoir boucler les boucles. Comme ils sont dans une boucle où l’engueulade est permise, je leur ai proposé de faire un pacte de sang pour mettre fin à cette boucle et de se faire une nouvelle promesse. Je tiendrai secret les détails du rituel qu’ils ont finalement adopté (il faut bien garder un peu de secret) mais depuis ils ne se sont plus engueulés. Victoire ? RDV dans 70 ans.
Romain : je pense que l’outil le plus important à été le diagnostic des disputes. On avait souvent le même schéma de dispute qui revenait et qui touchait à nos raisons d’être personnelles respectives. Pour être honnête la charge de travail dans une Odyssée est très importante (prospecter les rendez-vous, écrire les articles, interviewer, préparer la logistique du pays dans lequel tu es et le suivant, faire ta stratégie de communication) et nous avons été rapidement sollicités pour d’autres missions (after work, conference, média) que nous n’avions pas prévu au départ. Clément ne comprenait pas que l’on prenne du retard sur nos articles et je ne comprenais pas la pression qu’il se mettait vis-à-vis des livrables. Cette discussion nous l’avons eu dans presque tous les pays sauf au Vietnam (on a mis 8 pays à comprendre et bien diagnostiquer nos disputes). C’était des discussions dures, des disputes de frère, sans filtre qui nous prenaient beaucoup d’énergie (l’ego est très bête à ce moment-là). Thomas nous a donc expliqué de diagnostiquer la dispute et de la stopper directement quand les prémisses de celle-ci apparaissait. Nous évitions aussi d’aborder les sujets tendus quand la fatigue était trop présente.
Clément : Je suis assez d’accord avec Romain sur le diagnostic des disputes. Je me souviens aussi d’une phrase de Thomas qui nous avait demandé de repérer les comportements que l’on ne voulait plus reproduire dans nos vies. Par exemple, les comportements menant à nos disputes étaient toujours les mêmes. Je me souviens avoir essayé de faire vraiment attention à ça pour éviter d’énerver Romain. Thomas nous avait bien expliqué le comportement humain une fois que l’on a identifié ce qu’on ne veut plus reproduire dans notre vie : d’abord, on recommence puis petit à petit on limite ce comportement et enfin on arrive à s’en débarrasser. Le point de départ étant de prendre conscience de nos mécanismes.
👉 Le parallèle entre le coaching de Thomas et ce que l’on a observé en entreprises ?
Thomas : Lorsque Romain et Clément étaient dans la difficulté, je les ai plusieurs fois confrontés en leur demandant ce qu’auraient fait les professionnels qu’ils avaient rencontrés et qui les avaient impressionnés par l’alignement entre leurs valeurs et ce qu’ils vivaient en entreprise. Ils ont pu toucher ainsi du doigt le fait que mettre l’humain au centre n’est pas qu’une question de volonté. C’est aussi une question de remise en question permanente et profonde. Cela fait appel à des valeurs d’ouverture et d’humilité. Ce n’est pas un exercice facile mais c’est la voix de la joie et de l’efficacité.
Clément : Thomas nous a beaucoup parlé de notre manière de communiquer. Entre frères, on ne prend pas vraiment de pincette 😉 Pourtant, dans les entreprises et notamment au Canada, nous rencontrions des collaborateurs portant énormément d’attention à la qualité de leur relation. C’est un travail de longue haleine qui s’apprend. Pendant le coaching, Thomas a évoqué plusieurs fois la communication non-violente (CNV) et nous a conseillé d’utiliser cette méthode. Nous avons pu voir son succès en entreprise. Dans le coaching, Thomas se concentrait sur nos points d’améliorations respectifs. Partir de soi pour être mieux avec les autres. En entreprise, on s’est vite rendu compte que les entreprises les plus innovantes en termes de management se concentrent sur l’individu et sur son développement professionnel et personnel pour faire fonctionner le collectif.
Romain : Le principe du coaching c’est d’écouter et de guider le client à trouver des réponses par lui-même en lui fournissant un cadre. À chaque début de coaching nous faisions un moment d’inclusion où chacun de nous trois racontait comment il se sentait, quel était son état émotionnel au moment T. Pareil à la fin de la séance pour savoir si celle-ci nous avait fait du bien, qu’elle avait empiré la situation (ce n’est pas arrivé thom t’inquiètes), remuer quelque émotions etc. Ce principe d’inclusion et d’exclusion on l’a vécu sous un autre nom en entreprise : le check-in et Check out où chaque collaborateur avant une réunion et après raconte comment il se sent. Nous avons vu des personnes pleurer un lundi matin à 8 heures, d’autres raconter qu’ils étaient pleinement concentrés et heureux d’être là. C’est hyper puissant.
👉 Les moments les plus délirants du coaching ?
Thomas : Je me souviens d’une séance totalement délirante où Romain et Clément étaient tellement excités que j’ai plongé dans leur délire. La séance s’est terminée par un projet un peu fou mais qui ne s’est pas réalisé. L’idée était de les faire camper devant une usine Tesla avec une tente canadienne, Romain et Clément assis dans des chaises de camping tenant une pancarte sur laquelle était écrit « Elon, do you want to spend a night with us ? ». Il s’agissait de twitter cette photo pour tenter de rencontrer Elon Musk afin de discuter avec lui comment il imaginait le management pour aller et vivre sur Mars, le tout autour du feu et durant une nuit complète. Ce délire les a quand même amené à rencontrer Frédéric Laloux.
Romain : Thom a tout raconté mais oui, c’est cette séance où on voulait donner un second souffle à l’Odyssée. C’est les deux séances au Canada et aux USA, on commençait à tomber dans une routine et on voulait faire quelque chose de différent sur les derniers pays. Une idée était de faire un gros coup aux USA et tenter de rencontrer Elon Musk qui était à San Francisco. On avait acheté la pancarte, la peinture, pensé à cette nuit devant l’usine 😂 finalement il y a eu un bad buzz rapide d’Elon Musk sur le télétravail et on s’est dit que ce n’était peut être pas la bonne personne à aller voir. On s’est rattrapé en rencontrant Frédéric Laloux, auteur du livre Reinventing organization qui a aidé un grand nombre d’entreprises dans le changement de leur modèle de management. C’était un objectif dès le début de notre Odyssée. Un moment exceptionnel!
Clément : En effet, c’était un sacré moment du coaching. Thom est quand même très fort pour amener des idées complètement dingues. Juste avant de partir, Thom nous avait dit d’être innovant dans nos rencontres pour incarner notre recherche d’entreprises innovantes. Nous avons par exemple fait le jeu du trombone en Norvège où nous échangions avec l’entreprise un objet que l’entreprise précédente nous avait donné. Une idée sympa pour créer du lien entre toutes nos rencontres.
👉 La dynamique du voyage :
Thomas : Durant le voyage il y a eu une vraie dynamique que nous avons repérée. Une première phase européenne plutôt confortable et joyeuse. Puis la plongée dans les pays déroutants d’Amérique du sud a amené une seconde phase qui a commencé dans les turbulences et s’est terminée par un sentiment de « flow ». Le voyage s’est joué à ce moment-là car Romain et Clément ont su mettre les choses sur la table pour avancer. De cette turbulence est née une phase d’équilibre durant la période américaine. Il a alors fallu retrouver un second souffle car la durée du voyage et le confort retrouvé sont venus chatouiller Romain et Clément. Enfin la phase asiatique est passée à 100% à l’heure. Romain et Clément étaient alors “l’odyssée managériale”. Quant à la fin du voyage, je vous la raconterai dans un autre article.
Romain & Clément : Thomas a bien résumé, nous avions beaucoup d’excitation, de bonheur et un peu d’appréhension lors de notre départ. La phase Norvège-Islande nous a permis de nous régler, d’établir nos process, de se rendre compte de ce que nous étions en train de faire. C’était parfait pour commencer, on sortait petit à petit de notre zone de confort.
La première claque culturelle est venue au Brésil, tout était différent là-bas. C’est la première fois que nous ressentons de l’insécurité à certains moments dans notre voyage, il a fallu s’adapter. On s’est tellement bien adapté d’ailleurs que c’est le pays dans lequel nous sommes le plus restés. Rio et les Cariocas nous ont enchanté. Pour être tout à fait transparents, nous nous sommes vraiment sentis en Odyssée durant cette phase sud-américaine. Visiter les favelas, les comunas, échanger avec les locaux, voir leur résilience, leur imagination. Cela a été une partie très forte de l’Odyssée.
D’ailleurs la transition avec une nouvelle zone de confort au Canada (à Montréal) et aux USA ne nous enchantaient plus tellement mais elle allait être indispensable pour la seconde partie de l’Odyssée. C’est un moment où nous avons cherché notre second souffle !
On se demandait souvent si ce moment d’usure allait arriver durant le voyage, ce fut le cas à San Francisco. Nous avons accepté la période, tenté de nouvelles choses, de nouveaux formats, de nouvelles questions avant de nous envoler pour la plus grande claque culturelle de notre voyage, l’Asie ! Pour la première fois, nous nous rendons compte que la fin d’Odyssée approche. On profite de chaque moment, chaque interview, de la chance qu’on a.
On se retrouve très rapidement pour la partie III des dessous de l’Odyssée, le retour 🌎
👉 N’hésitez pas à contacter Thomas si des coachings professionnels ou personnels vous intéressent.
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