Peps et Convictions

Pour des raisons de simplicité dans la lecture et sans discrimination aucune, la forme masculine sera utilisée pour parler du masculin et du féminin.

Attendez… Pourquoi lire cet article ?

Suivre ses convictions, voici un joli point commun entre Colombus Consulting, sa fondatrice Valérie Ader et l’Odyssée Managériale.

Avant d’embarquer pour notre tour du monde des organisations, nous souhaitons mettre en valeur des acteurs français de l’innovation managériale. Nous avons comme objectifs de visiter une organisation publique, une organisation privée et de réaliser l’interview d’une personnalité inspirante. Nous avons choisi de commencer par ce troisième défi.

Présentation de Valérie Ader & Colombus Consulting

Diplômée de l’école d’ingénieur SUPAERO, elle commence sa carrière chez Dassault Aviation. Elle se tourne rapidement vers le conseil et expérimente une grosse puis une plus petite structure.

En 1999, avec 3 associés, elle fonde le cabinet de conseil Colombus Consulting et en deviendra présidente. Aujourd’hui elle partage son temps avec d’autres activités à but non lucratif et délègue de plus en plus ses responsabilités professionnelles.

Colombus consulting est un cabinet de conseil qui compte aujourd’hui 170 collaborateurs et accompagne ses clients dans leurs transformations en France comme à l’international.

Contribuer au bien commun (approche « Stakeholders »)

Contrairement à une organisation qui maximise le bénéfice pour ses actionnaires (approche dite “Shareholders”), Colombus Consulting s’affirme par une approche dite “Stakeholders” dans son activité. L’objectif est ainsi d’optimiser les intérêts de toutes les parties prenantes : les collectivités, l’environnement, ses collaborateurs…

Une mission partagée

« Vouloir contribuer au bien commun », voilà une belle conviction que nous livre Valérie dès notre première question. Elle s’investit en tant que bénévole dans une école démocratique* et fait partie du conseil d’administration d’une association qui se penche sur le monde futur auprès des indiens Kogis (peuple amérindien). Avec le projet Terre à Terre, une réflexion a été menée par un comité scientifique et des chamans Kogis sur le rapport de l’homme à la nature.

“La terre peut se sauver elle-même en retrouvant des pratiques ancestrales, appuyées et optimisées par la science d’aujourd’hui.”

La notion de bien commun s’illustre aussi par la mission de Colombus : “faire rayonner les entreprises affirmant leur rôle social dans la société du XXIème siècle.” C’est à ce titre que Valérie Ader rejoint la communauté des entreprises à mission en 2018.

En réalité, Valérie nous explique que cette mission a toujours été la signature de Colombus. Les fondateurs partagent un idéal sociétal depuis leur précédente expérience professionnelle et souhaitent développer l’ADN à impact positif de Colombus.

*Cette pédagogie est une alternative à l’école traditionnelle. La liberté, la prise de parole et l’autonomie de l’enfant sont promues. Son principe se base sur l’apprentissage naturel et remonte au moins au XVIIe siècle, notamment avec la parution de l’ouvrage Pensées sur l’éducation de John Lock.

La performance repensée

La performance des organisations peut être appréhendée de manière uniquement financière, au sens de performance économique, ou peut être redéfinie en intégrant d’autres critères, d’autres finalités : c’est le cas de Colombus.

Le mot performance retentit partout, tandis que chez Colombus on préfère « révéler le potentiel des individus pour un progrès responsable ».

Il a toujours été question de transformer en s’appuyant sur les ressources existantes d’une entreprise, sans traumatiser son organisation. C’est d’ailleurs ce que s’attèlent à faire les consultants de Colombus au quotidien dans leurs missions. Valérie nous dit que, de mémoire, elle n’a jamais travaillé sur des plans sociaux.  

On retrouve l’ambition forte d’intégrer la communauté B-corp*, par une démarche proactive sur des sujets de RSE : accompagnement d’entrepreneurs sociaux, de jeunes vers l’emploi, charte achats responsables, démarche d’éco-conception, critère d’intéressement solidaire…

Nous avons aimé le fait que tous les collaborateurs volontaires peuvent participer à cette démarche avec notamment l’organisation de groupes de travail et d’échanges.

*Depuis 2006, le mouvement B Corp porte à travers le monde des valeurs fortes de changement pour faire des entreprises “a force for good” et distinguer celles qui réconcilient but lucratif (for profit) et intérêt collectif (for purpose). source : https://bcorporation.eu/about-b-lab/country-partner/france.

Le management et ses postures

Cohérence et intégrité

« L’étiquette d’un statut provoque davantage de pression du regard des autres » Valérie nous livre un témoignage inspirant sur une bonne posture managériale. Pour elle, un manager doit être « aligné(e) avec ce qu’il ou elle est et ne pas être figé(e) dans des modèles ».  Être en inadéquation avec ses valeurs, c’est jouer un rôle, sans effets positifs à terme, pour soi et pour l’organisation.

Clin d’oeil à Frédéric Laloux qui dans Reinventing Organizations défend la nécessité d’être « wholeness [entier – ndlr] » dans une organisation. En effet, une source de désengagement professionnel est lié au masque que porte le collaborateur dans une organisation qui ne le laisse pas pleinement être ce qu’il est.

« Le manager doit aimer les emmer*es »

« Maintenant, on doit staffer tout ça » se sont dit Valérie et une associée lorsqu’elles ont dû louer un bus pour la première fois lors d’un séminaire. Gérer une organisation de plus de 150 collaborateurs n’est pas de tout repos. Selon la présidente de Colombus : « Celui qui est au-dessus doit encaisser les secousses ».

Placer l’humain au coeur d’une organisation, c’est prendre conscience de ses propres limites ainsi que celles de ses collaborateurs. Déléguer et faire confiance sont des clefs pour ne pas se surcharger.

À bas la hiérarchie

L’avis de Valérie sur la hiérarchie nous a inspirés : selon elle, seuls la compétence et le respect de l’autre sont légitimes dans une organisation. Un bon manager est un leader choisi et non imposé. Cette vision l’empêche aujourd’hui de revenir dans une grosse structure.

Valérie par son parcours entrepreneurial jouit aujourd’hui d’une importante liberté. Une liberté qui a certes un coût émotionnel fort mais est aussi une source continue de motivation.  « Comme il n’y a pas de plafond, c’est à vous de vous dire tous les matins “jusqu’où je veux aller ?” Avec cette liberté on se redéfinit tous les jours ! Se fixer soi-même les objectifs, ce n’était pas de l’ambition, c’était la soif de liberté. »

Réfractaire à la hiérarchie, Valérie ne s’est pas contentée de s’offrir cette liberté en entreprenant et en étant à la tête de son organisation. Elle aspirait à libérer son entreprise*. Ce n’était pourtant pas le souhait « ressenti » de ses collaborateurs, consultés en amont lors de forum et prises de parole directes. « Comme je n’ai pas un tempérament de solitaire, je n’ai pas eu envie d’imposer un modèle ». Cette démarche a eu un impact direct sur le modèle hybride adopté par Colombus.

*Une entreprise libérée est, selon Isaac Getz – professeur à l’ESCP et auteur de Liberté & Cie – une organisation où la majorité des collaborateurs ont la liberté d’entreprendre toute action qu’eux-mêmes jugent comme étant la meilleure pour réaliser la vision de l’entreprise.

L’humain au coeur de l’organisation

Great Place to Work

Travailler au bien-être de ses collaborateurs s’insère dans l’approche stakeholders du cabinet décrite plus haut.

En effet, depuis 2012, le cabinet de conseil est lauréat du palmarès Best Workplaces organisé par Great Place to Work. Ce classement recense chaque année les entreprises “où il fait bon travailler”. Valérie nous explique que cette démarche est à l’origine « un souhait de la part des salariés d’obtenir de la reconnaissance » et non une démarche de la direction.

De nombreuses pratiques contribuent à ce sentiment de bien-être comme par exemple l’évaluation inversée. Cette technique de feedback est une référence chez Colombus. Elle consiste à avoir le retour des collaborateurs sur leur manager. Ces derniers sont ainsi challengés et les collaborateurs impliqués.

Expérience collaborateur

En amont de cet entretien, nous souhaitions savoir comment l’expérience collaborateur* était mise en avant.

Présentée comme une practice à part entière dans d’autres cabinets de conseil, nous nous attendions à trouver des consultants dédiés à l’expérience collaborateur. Mais pas du tout ! Conseiller sur cette thématique est un savoir-faire que Colombus développe comme transversal dans toutes ses missions. Dans les transformations que Colombus accompagne : l’humain est placé au centre.

*L’expérience collaborateur désigne l’ensemble des interactions et expériences vécues par un collaborateur au sein d’une organisation : des espaces de travail à ses relations avec ses collègues, de son arrivée à son départ…

Design Thinking

Une des signatures de Colombus, c’est la co-construction ou encore l’approche dite par “Design Thinking”. Cette méthodologie innovante capitalise sur les moments d’immersion, d’empathie et d’observation des utilisateurs cibles de l’innovation. Elle permet de transformer les idées et les projets en actions réelles et en prototypes tangibles.

Dernièrement, le cabinet a accompagné un acteur de l’énergie à redéfinir sa raison d’être pour qu’elle soit en adéquation avec celle de son groupe mais propre aussi à leur domaine d’activité stratégique. À travers des ateliers, chaque collaborateur a pu s’approprier l’idée globale de la raison d’être souhaitée ; c’est ensuite en co-construisant que l’idée est devenue action.

Point Covid

Nous avons aimé la réflexion initiée par le cabinet sur les transformations du management causées par la crise du Covid. En présence d’experts (épidémiologistes, médecins, RH, dirigeants d’entreprises…), Colombus a publié un Livre Blanc pour aider les organisations à mieux s’adapter.

Les tips & tricks en période de crise ? Une transparence maximale sur la situation, mise en place 2 fois par semaine avec le CSE de sports virtuels, consignes pour mieux vivre son télétravail….

Notre coup de coeur : la mise en place d’un bureau virtuel, “le 138 avenue des champs elysées fictif” avec l’outil DISCORD, même si rudimentaire, l’outil permet de créer des salles virtuelles pour remplacer les discussions “du bout du couloir”.

Remerciements
Sur les conseils de Christophe Chaumont – Responsable du Mastère spécialisé Conseil en Organisation à emlyon business school – nous avons rencontré Valérie Ader.Nous la remercions de nous avoir accordé 1h30 d’entretien sur sa vision du management et de Colombus Consulting.

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